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Reportage édition 2013

jeudi 12 septembre 2013, par Julia Duchemin, Mathilde Vautier.

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Pour une Fête Franglais « arts de la rue », c’était réussi : d’abord, la scénographie de la compagnie irlandaise Bui Bolg, que l’on a déjà retrouvée sur les Fête Franglais du Norfolk fin juillet, donne le ton – et la couleur ! Les timbres à l’effigie de la Reine d’Angleterre ou de la Tour Eiffel, les éléments décoratifs bleu-blanc-rouge parsemés dans le parc du festival ou les transats en drapeaux des deux pays ne passent pas inaperçus.

La programmation du festival mélange aussi des compagnies des deux côtés de la Manche. Et le grand espace vert dédié au festival est ponctué de plusieurs structures circassiennes : il y a d’abord le trapèze de Tumble Circus, où les deux artistes de la compagnie, Tina Machina et Ken Fall exécutent notamment un duo au trapèze à la fois drôle et physiquement remarquable.

Le décor des Collectif Malunés, fait de caravane, tapis, bascule, corde à linge et de, là encore, une imposante structure à trapèze, a aussi attisé la curiosité des spectateurs qui s’y attardaient déjà entre deux spectacles. Quand les quatre jeunes circassiens entrent en scène, ils conquièrent la foule par la folie douce de leur univers et leurs prouesses acrobatiques.

De l’autre côté du parc, en face, le portique des circassiens de Lost in Translation est multi-fonctions : dans La Ballade de Bergerac, il est à la fois bateau, machine volante ou engin mécanique, selon les moyens de transport que Cyrano de la Luna et les quatre membres de son équipage utiliseront pour tâcher d’atteindre la lune. Chaque idée proposée par un membre donne lieu à un solo, qui de jonglage, qui de corde volante, de houla hoop ou de portée acrobatique. Quand l’univers Jules Vernien rencontre le cirque…

C’est surtout la Roue de la Mort qui impose sa présence sur le lieu du festival, celle de la compagnie marseillaise La Rotative. C’est la roue du temps aussi, puisque trois spectacles différents seront joués chaque jour, l’un mettant en scène des hommes préhistoriques, l’autre des garçons de café modernes, enfin des êtres futuristes. Mais le fil rouge de ces trois périodes, c’est cette roue sur laquelle les 3 artistes vont tour à tour marcher, s’enrouler, sauter, dedans, dessus, dessous, assis, debout, couchés…avec une grâce créée par le mouvement circulaire de la roue et de l’artiste l’amadouant.

A Peterborough ce weekend, les habitants ont pu aussi rencontrer des êtres bien étranges…Mercival et Bile par exemple, les mystérieux voyants de Ramshacklicious, qui déambulent avec leur intrigante machine musicale ; ou les deux comédiens de Garlic Theatre (Can Fish Drink Tea ?), l’un manipulant sachets de thé et théière, poupée Barbie démembrée et poissons, ou marionnette du capitaine d’un navire pas banal, l’autre accompagnant ses péripéties au violon et aux effets sonores ; ou encore le bizarre restaurant de La Monster Takeway où les clients se voient offrir bras, tentacules et globes oculaires par un serveur français sophistiqué pour fabriquer leur propre monstre à emporter.

Etranges aussi, ces « Mystérieuses coiffures » réalisées par Christophe Pavia. Là, le spectacle est dans le chef d’œuvre que le coiffeur fou créé sur chacune des têtes qu’il transforme, en y posant des fleurs, des petits oiseaux, des brindilles ou du lierre. Chaque fois, c’est un joli poème visuel, que l’on retrouve plus tard sur le festival, se promenant au milieu des autres spectateurs ! Greer Roberts, Directrice des Affaires Culturelles de Vivacity, partenaire ZEPA 2, s’est prêtée à l’exercice…

Dans le centre-ville, sur la place principale, on assiste à un ballet de caddies ; c’est Trolleys, par la compagnie C-12. Cinq caddies glissent, roulent, se heurtent, se frottent, deviennent presque animés, menés qu’ils sont par cinq danseurs. Qui est humain, qui est engin ?

Retour au parc, où quatre clowns complètement barges et surexcités, aux personnalités plus étranges les unes que les autres, nous expliquent à quoi un vrai spectacle de cirque est sensé ressembler. C’est la compagnie Le Navet Bête, qui mêle acrobaties déjantées, mimes hilarants, fleurs décapitées, musique explosive. Nous informons qu’aucun spectateur n’aura été mis en danger dans le cadre de cette performance…

…ni dans le cadre du spectacle éponyme de Magmanus, même si le strip-tease final des deux acrobates aurait pu faire s’évanouir plus d’un membre féminin dans le public ! L’un, Manu, petit et nerveux, l’autre Magnus, grand et placide ; tous deux multiplient sauts remarquables sur la bascule, duos de jonglage et séquences comiques. Si certains spectacles ont parfois peiné à attirer du public, celui-ci n’en est certainement pas un !

Tout comme l’invasion d’hommes bleus dans la ville, qui a rassemblé plus de 4000 personnes. La compagnie Générik Vapeur a écrit une adaptation spécifique pour la ville de Peterborough, The Peterborough Invasion, à laquelle ont participé quatre bénévoles locaux. Là encore, un spectacle qui a provoqué un mélange de surprise, d’incrédulité et d’admiration, et qui a certainement marqué la ville et son public pour un moment, suscitant l’intérêt pour ce type de spectacles dans l’espace public.

Le Peterborough Arts Festival existe depuis plusieurs années, en tant que festival pluri-disciplinaire, mais l’édition 2013 était un peu particulière : d’une part, son organisateur et partenaire ZEPA 2 Vivacitya réduit son programme musical et développé la programmation arts de la rue ; d’autre part, c’est la première fois que le festival investit l’ « Embankment », ce grand espace vert derrière le Key Theatre, longeant le canal.
Et un grand espace, ce n’est pas peu dire, car les compagnies françaises et britanniques programmées ont parfois eu quelques soucis à l’habiter, et le public, encore novice des propositions artistiques d’un festival d’arts de la rue, à s’y repérer.
Mais la Fête Franglais, et plus largement le festival de Peterborough, ont un beau potentiel de développement, et une population qui a montré son intérêt pour y participer.
Alors long live the Peterborough festival !

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